La Question Kurde remise sur le tapis en Turquie

Il y a de cela un peu plus d’une semaine, le président du parti nationaliste turc Devlet Bahçeli a fait une sortie un peu inattendue, il a serré la main des députés du DEM parti et a chaleureusement discuté avec eux, alors que le DEM parti est une forme de représentation légale du PKK à l’assemblée nationale de Turquie, du moins, ce parti classé à gauche, voir très à gauche, lorsqu’il s’agit de résolution de la question kurde pointe toujours du doigt Abdullah Öcalan et le PKK en soutenant qu’il faut un dialogue officiel entre les deux parties. Devlet Bahçeli a déclaré par la suite, lors d’un discours à l’assemblée nationale, qu’il faut absolument que le chef du PKK, Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 25 ans sur l’île prison d’Imrali dont il ne voit pas ses avocats depuis plus de 4 ans, devrait faire un appel au PKK pour se rendre sans condition, comme si il s’exprimait depuis un café à des citoyens. Cela nous donne l’approche de Devlet Bahçeli à la question Kurde, pour lui, c’est une question qui se réduit au terrorisme. Il y a une dizaine d’années la Turquie était plus ou moins officiellement en dialogue direct avec le PKK et son leader Öcalan et puis la conjoncture a changé et du jour au lendemain, une fois de plus, Recep Tayyip Erdogan, président actuel de la Turquie, avait déclaré que la question Kurde était résolue. Effectivement, en Turquie on change d’actualité brusquement du jour au lendemain, Erdogan expliquera qu’il y a une question kurde pour vous dire quelques années plus tard qu’il n’y en a pas, puis deux ans plus tard qu’il y a une question Kurde, pour redire six mois plus tard qu’il n’y en a pas; ainsi, la Turquie est bercée par le populisme depuis plus de 20 ans, le parlement, d’ailleurs comme dans la plupart des démocraties, n’est plus qu’une scène de théâtre. Au parlement turc c’est un théâtre tragi-comique, les députés se hurlent dessus et parfois y vont aux mains, lancent des verres d’eau, on est en psychiatrie parfois, en tout cas c’est passionnel, on sent que le rôle est très bien joué, même exagérément joué. Dans cette vidéo d’une vingtaine de minutes je m’étale un peu, mais vous livre l’actualité de la Turquie concernant les nouveaux développements liés à la question Kurde qui est remise sur le tapis. Dans les débats, il ressort qu'il y a une volonté d'unir le Kurdistan irakien et le Rojava (Kurdistan syrien) sous bannière américaine, en liquidant le PKK, de la même manière qu’Israël est en phase de tentative de liquidation du Hezbollah et du Hamas. Unir ces deux zones permettrait à Israël d'atteindre l'Iran plus aisément par une forme de couloir, tandis que la Syrie serait prise en étau par la Turquie, membre de l’OTAN, alliée objective de Washington, pour créer une zone tampon plus étendue et conséquente.